NOS FAMILLES ET LA GUERRE 1939/1945

Publié le par charles maurel

NOS FAMILLES ET LA GUERRE 1939/1945
Ce dont nous nous souvenons de cette période
Dans ce Chapitre chacun pourra donner son point de vue sur la façon dont il a vécu la période de guerre et comment l'ont vécu leurs parents ou Grands Parents.

Dernière mise à jour Nos familles et la Guerre 1939/1945 le 06 Avril 2007

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1) Comment j'ai vécu la guerre, par Charles MAUREL fils d'Edouard
1936 j'avais 6 ans

Aussi bizarre que cela puisse paraître, pour moi, la guerre à commencer en 1936, c'est le souvenir que j'en ai car les évènements de cette année là m'ont marqué tout particulièrement.
Notre père (Edouard MAUREL) travaillait au PTT de TOULON, et depuis le mois de juillet 1935 il avait été nommé "Commis principal à la tête de l'important service du contrôle de la radiodiffusion dans le département du VAR.
Nous étions déjà à "La LUCIOLE" Impasse Emile Vincent derrière la Gare de TOULON.
mais ce dont je me souviens c'est que, du balcon sud de "La LUCIOLE", nous avions la vue sur le pont de la gare.
 Je me souviens qu'un certain jour maman était inquiète parce que papa n'était pas encore rentré à la maison et nous aperçevions dans la rue une certaine agitation.. 
Tout d'un coup nous avons vue des passants chargés par la cavalerie.
Je ne peux pas donner de dates exactes mais j'ai compris, bien plus tard, que c'était la période ou les ouvriers reclamaient les congés payés..
Néamoins papa est rentré à la maison sans encombre il avait réussi à passer entre deux charges de la cavalerie. 
A partir de cet événement je n'ai plus de souvenir prècis de ce qui s'est passé et cela jusqu'en 1939.

1939 j'avais 9 ans
Puis vint 1939 et là j'ai un souvenir plus précis de la guerre car, à cette époque, papa qui travaillait déjà à la radiodiffusion a été chargé, dans le cadre des PTT de transmettre à MARSEILLE les ordres de mobilisation, il me semble que c'était en juin mais je n'en suis pas sûr.
Ce jour là il pleuvait à torrent
Papa, disposait d'un véhicule de fonction, un évènement, une "202 Peugeot" celle de la photo ci après.
Cédant à ma demande, il m'a permis de venir avec lui à Marseille.
De ce trajet, le seul souvenir que j'en ais c'est la pluie torrentielle avec orage à l'appui qui, à CUGES, nous a contraint d'attendre une accalmie, l'eau arrivait à hauteur du plancher de la voiture et commençait à s'infiltrer par les portières mais la voiture a tenue le coup.

 
(La voiture de fonction de papa: une "202 PEUGEOT" flambante neuve)


A partir de la mobilisation, les troupes Françaises se sont relayées dans des locaux de la STEF et Certains de ces soldats ont assuré avec force démonstration notre éducation sexuelle en nous expliquant comment on faisait les bébés.

Il faut dire qu'en famille c'était à cette époque, comme le prècise Micheline dans un de ses écrits, la naissance dans les choux.

Puis les ALLEMANDS envahirent la France, mais nous les enfants nous suivions ces événements de trés loin. et nos jeux nous suffisaient, surtout pour moi.

En 1942, avant que le sabordement de la flotte n'ai lieu je suis expédié en SUISSE par la Croix Rouge Française, voir ma Biographie et là je suis encore plus éloigné des événements tragiques dont je n'ai eu connaissance que parceque les personnes qui m'avaient recueilli m'ont montré des reportages sur le sabordement de la flotte Française à TOULON.

A mon retour à TOULON en Février 1943 mes parents avaient déménagé pour s'éloigner de la Gare ou nous risquions les bombardements

C'est à "La BOUSCARLE", à l'Escaillon, que la Famille s'était exilée

C'est l'Oncle Victor et Tante Germaine (Gérin Jean) qui ont loué "La BOUSCARLE" à nos parents .

Nous y avons vécu jusqu'en 1963. et nous y avons passé toute la libération de TOULON avec maintes péripéties que Papa (Edouard MAUREL) avait consigné jour après  jour.

Il semble que chacun d'entre nous (Les enfants d'Edouard) l'ayons vécu différemment bien que dans le même lieu.
Geneviève, Charles, Olivier en ont un vécu différent chacun avec son age.

Il semble même que les noms des personnes présentes avec nous durant cette période varient de l'un à l'autre  surtout au moment de la libération du quartier.

Je vous confie la version d'Edouard MAUREL qui a noté la situation au jour le jour sans indiquer les personnes présentes avec nous dans la cave.

J'y ajouterai quelques souvenirs, impressions ,sensations personnels

NOTES PERSONNELLES SUR LES JOURNEES D'AOÛT à TOULON
par notre père Edouard MAUREL

J'ai agrémenté ces notes par quelques photos et commentaires de mes frères ou de ma soeur Geneviève et de moi même.

Je vous joins également la carte, ci dessous, sur laquelle j'ai tenté de reconstituer certains des lieux ou se sont passés les faits

Cliquez sur cette photo pour mieux en distinguer les détails
Vous y découvrirez les points importants cités dans ces notes

Nous habitions "La Bouscarle", la maison , ci dessous, de deux étages situées près de "La MADELON" (Marquée F sur la carte) Chemin mon Paradis à l'Escaillon 

Les évènements ont commencés le:

Mardi 1er Août 1944 : Réveillés par canonnade das la nuit

Vers 5 h. du matin un bombardier Junker 66, allemand, s'abat près de la Madelon nous avons supposé que c’était un avion téléguidé qui avait du subir des avaries

Emotion !

Dans la journée nous allons voir les restes de l’appareil qui en fait était entier mais avait subit de sérieuses dégradations au moment de l’accrochage du toit de la maison  MOUTTET (Marquée G sur la carte) et des oliviers du champ jouxtant «Le Hameau» ( Vol, Choc et crasch marqué C. G. I sur la carte)
En 2007, à la place, il y a deux ou trois villas qui remplacent les oliviers à hauteur de l’immeuble «Le TAMARA»

 

Nous avons été accueillis par des militaires Allemands qui agitaient devant nous des grenades à manches pour nous faire partir.

Photo des grenades à manche que nous avons retrouvé après la libération, tout au long du mur d’enceinte Est de la propriété. Sur toute la longueur de ce mur qui allait du chemin mon paradis au sommet des Arènes, les Allemands avaient creusé des trous d’hommes pour se camoufler.
 
, Ce mur faisait plus d’ un mètre d’épaisseur

Dimanche 6 Août - Gros bombardement anglo-américain. Grands dégâts.

,Lundi 7 Août - Bombardement vers La Seyne - St Mandrier.

,Mardi et Mercredi 8/9 Août - Mauvais temps, orage. Pas d'activité militaire.

Jeudi 10 Août - Bombardements multiples dans la journée. Alerte permanente.

Vendredi 11 Août - Bombardements multiples dans la journée. Alerte permanente.

Samedi 12 Août - Bombardements multiples dans la journée. Alerte permanente.

Dimanche 13 Août,- Journée tragique.

Bombardements multiples.

Un soldat allemand des fumigènes est tué sur le chemin Mon Paradis.

Deux hommes: sont aussitôt abattus par les occupants et les cadavres sont laissés sur place, un peu plus haut que la Madelon, au premier tournant, vers Giraud, sur le chemin Mon Paradis.
(Emplacement marqué B sur la carte)

Une Stèle a été érigée en leur mémoire à l’angle du Chemin mon Paradis et de l’impasse menant aux «HLM Mon Paradis»
 

Réfugiés dans le Parc à Mazout, on ne consent à nous libérer que vers 1 heure de la nuit, par l'issue du sud (Pont Neuf), mais nous sommes coffrés au passage devant l'issue Nord et enfermés d'office dans la galerie 10, ainsi que tous les habitants du quartier Mon Paradis.

Ci-dessous l’entrée nord du Parc à mazout par laquelle nous passions pour nous y réfugier chaque fois qu’il y avait un bombardement  (Marqué R sur la Carte)
 

Ci dessous :Vue du parc à mazout à hauteur de l’impasse menant aux immeubles l’Amazonite ».Encerclée en blanc l’entrée 7 .L’entrée 10 se trouve un peu à gauche (Marqué Q sur la carte)



Ce parc à mazout situé sous la colline des Arènes comprend 10 immenses cuves creusées dans la colline
Chacune de ces cuves à une longueur d’environ 100 m, une largueur de 25 m et une hauteur de 15 à 20 m
En 45 des ateliers de l’Arsenal, dont les magasins d’outillages avaient été installés dans certaines de ces cuves.
Les 10 cuves sont reliées entre elles par une galerie (Marquée S sur la carte) située au dessous et qui débouche au sud de la colline des Arènes.
Cette galerie est parcourue par les tuyauteries qui alimen-taient l’arsenal et les bateaux en Mazout.
On peut voir une passerelle sur la Rivière neuve ou passent ces tuyauteries

Grande angoisse de prise d'otage. Fouilles individuelles.

Gardés toute la nuit au milieu de la soldatesque.

Relâchés au matin, après l'attaque par les allemands du Château Rose, ( Marqué L sur la carte) de l'autre côté du bois de la Madelon (versant Est).

Lundi 14 Août - Bombardements multiples en piqués.

Le Petit Var publie un préavis d'évacuation obligatoire de Toulon.
 
Nuit au Parc.

Cadavres toujours en place sur le chemin, avec plaies étalées (Défense d'y toucher)
Survole de nuit anglo-américaine, avec lancements de fusées multicolores, au milieu d'une D.C.A. effroyable.

Nous gagnons le Parc dans l'affolement général.

Mardi 15 Août - Bombardements multiples en piqué.

Alerte permanente.

On annonce en catimini, un débarquement en rade de Bormes.

Les cadavres toujours en place, commencent à pourrir.

L’Electricité est coupée.

Nuit au Parc.

Mercredi 16 Août - Bombardements multiples.

«La République du Var» publie, cette fois l'ordre formel d'évacuation obligatoire pour Toulon, la Valette et La Seyne en direction de Brignoles, par le Camp, Signes, Méou-nes, Garéoult, etc... le tout à pied.... c'est à dire, avec la presque certitude de rester sur la route grâce aux bombardements ininterrompus en piqué.

Grosse émotion.

Nuit au parc avec l'angoisse d'être jetés sur la route.

Jeudi 17 Août - Bombardements multiples.

Plus de journaux.

Pas d'information pour l'évacuation.

Personne ne bouge.

Nuit au parc.

Vendredi 18 Août - Bombardements multiples. Destruction dans le port par les allemands.

Grandes déflagrations.

On nous chasse du Parc, à 14h.30, pour le faire sauter.

Nous passons la Nuit à la cave de la petite Madelon mais nous ne sommes pas seuls d’autres personnes ce sont jointes à nous.

 

 Ci-dessus « La Madelon » (Marquée F sur la carte) dans la cave de laquelle nous nous sommes réfugiés plusieurs jours
Au premier plan on distingue ce qui reste du court de tennis
Au second plan (Mur Blanc) la citerne dans laquelle nous puisions l’eau croupie
 Au troisième plan «La Madelon» avec l’entrée de sa cave au dessus de l’angle droit de la citerne
En dernier plan, le bois qui allait jusqu’au sommet des Arènes.
 
Ci-dessous la cave où notre père avait construit un pilier de soutènement.  Lorsqu’il y avait un bombardement nous nous réfugions entre ce pilier et le mur gauche adossé à la colline, nous y sommes restés 13 jours enfermé jour et nuit avec comme seul aération un minuscule soupirail.

Sont présents (C’est ce dont j’ai le souvenir) : Papa, Maman, Geneviève, Gérard, Charles, et Olivier ainsi que la Tante élise.et la tante Jeanne avec son fils Jeannot

 Ci dessous,sur la photo de l’époque, en partant du haut et de gauche à droite : Mon frère Gérard, la tante élise, la tante Jeanne,notre père Edouard, notre mère Gilberte, notre cousin Jeannot, moi-même Charles et le plus jeune de mes frères Olivier, manque ma sœur Geneviève qui prend la photo.
 

Les autres personnes étaient, je pense, Monsieur et Madame DAUMAS ainsi que Monsieur et Madame CELERIER, des voisins.

Vive canonnade dans la nuit.

Samedi 19 Août - Bombardements multiples.

Grosses explosions dans le Port, l'Arsenal, la Pyrotechnie, etc...

Nuit à la cave.

Canon toute la nuit.

Dimanche 20 Août - Attaque vers St Mandrier par la flotte et les avions à 7 h. 30.

Se poursuit toute la journée avec courts intervalles.

Terrible tintamarre.

A 18 h les soldats allemands s'échelonnent le long du chemin Mon Paradis... puis rentrent au Parc vers 21 h.

Nuit à la cave.

Premières fusillades dans le quartier le jour et la nuit.

Lundi 2I Août - A 7 h. une batterie tire à partir de l'Ouest vers l'Est.

Les obus passent en sifflant exactement au-dessus de la Madelon.

La canonnade s'entend plus rapprochée, direction Est (Peut-être La Valette ou La Far-lède).

Nuit très dure.

Les obus ne cessent de siffler au travers de la Madelon, et explosent à courte distance, soit à l'Est, soit à l'Ouest,(Sanary, Six-Fours ?)

L'un d'eux tombe en face de La Madelon sur le chemin, chez les Franquittos, c'est dire le danger!

Grande émotion en voyant des flammes dans notre bois.

Ce sont les allemands qui débroussaillent pour y voir clair.

Nuit agitée.

Mardi 22 Août - Matinée très, très dure avec fusillades et mitraillades dans le chemin Mon Paradis et au travers de la Madelon.

Des obus continuent à siffler sur nos têtes.

Grosses canonnades plus rapprochées, peut-être bien La Valette cette fois.

Parait alors, provenir de la ville.

Le soir à 17 h canonnade précipitée sur le chemin Mon Paradis.

Nuit coupée de fusillades dans notre direction et de sifflements d'obus quelques uns paraissent éclater soit face à la Madelon, soit dans le bois.

A une sortie dans le jardin (Il faut manger ) je suis accueilli par une salve de mitrail-leuse.

Notre situation devient critique.

Mercredi 23 Août - L'eau est coupée.

 Les allemands circulent et s'installent sur la lisière de la Madelon, (Marquée O sur la carte) depuis le portail jusqu'en haut du bois, ce qui laisse supposer que les alliés ou les FFI sont installée sur la lisière de l'autre côté de la propriété.

Grosse canonnade paraissant provenir de le ville.

Elle ralentit dans l'après-midi pour s'intensifier dans le quartier.

Deux soldats allemands, pistolets, mousquetons et grenades en mains, viennent nous réclamer à boire.

Nous devons leur tirer l'eau de la citerne.

Notre situation apparaît bien comme indiqué ci-dessus, les allemands disposés en ligne le long de la bordure Sud de la propriété dirigent leur tir de fusil et mitrailleuses en direction de l'autre limite et du haut de notre bois ( Marqué D sur la carte)

La canonnade s'arrête dans la soirée, vers 18 h. et laisse place à un silence impressionnant entrecoupé d'escarmouches, au travers de la Madelon.

Nuit agitée avec plusieurs fusillades.

Jeudi 24 Août - La canonnade reprend vers 6 h. 30, dans la direction de la ville, plutôt plus rapproché de l'Escaillon.

La fusillade et mitraillade est très intense au travers de la Madelon et du bois.

Un soldat allemand armé de pied en cap, vient prendre diverses positions de
 tir sur notre terrasse, il demande à tous nous voir (Angoisse !) puis regagne sa ligne après avoir demandé à boire.

A 14 h. 30, un mouvement de char d'assaut très puissant paraît s'esquisser vers Valbertrand, à l'entrée du chemin Mon Paradis et aussi vers l'Escaillon, à l'autre extrémi-té du même chemin.

Aussitôt après éclate subitement un formidable tir au canon sur le Parc à Mazout, au travers de la Madelon.

Ce pilonnage intense se poursuit dans un vacarme impressionnant pendant plus de deux heures, nous laissant craindre à chaque instant une bordée sur la Madelon même... sous laquelle nous aurions tous été ensevelis.

Terribles moments d'angoisse.

Seul le petit Olivier parait conserver son calme, et récite son chapelet !... Puis l'assaut semble être donné au milieu de fusillades et mitraillades ininterrompues avec violents éclatements de grenades. Une violente bataille se déroule de toute évidence dans notre bois, dans le jardin et dans le chemin Mon Paradis, mais surtout dans le bois.

Vers 16 h. 30, des pas précipités se font entendre sur nos terrasses, et, tout à coup, (Marqué M sur la carte)
Oh Joie !

Une voix claire, donne un commandement en français, et par les lucarnes nous enjoint de demeurer dans nos caves

" S'il y a des français la dedans, restez dans vos caves."

Les larmes nous montent aux yeux.

Puis au travers des interstices des portes, on reconnaît nos braves sénégalais qui descendent du bois ayant réussi à chasser les allemands.

L'action s'achève dans le secteur vers 18 h15 mais un canon poursuit son tir dans la nuit, ses obus sifflent sur la MadeIon.

Les broussailles se sont enflammées dans le bois faisant éclater balles et grenades et nous faisant craindre un incendie plus sérieux.

Vendredi 25 Août - Les troupes françaises occupent la. Fauvette (Propriété contigue à la Madelon et marquée P sur la carte) ainsi que le Parc à Mazout.

Des corvées de prisonniers allemands (Ils seraient près de 600) enterrent leurs morts dans la Fauvette.

Les dernières forces allemandes seraient retranchées dans l'ouvrage Gambain de Malbousquet que nous voyons bien de la Madelon, et qui subit un pilonnage formida-ble à partir de 9h du matin.

Une intense fumée s'élève sur ce mamelon.


Nous visitons notre bois qui a bien constitué un véritable champ de bataille jonché de casques, de balles, de grenades non éclatées.

Tous les arbres sont éraflés ou nettement coupés.

Nombreuses traces d'éclatement d'obus.

Le pilonnage sur Malbousquet se poursuit toute la journée avec une intensité inouïe.

Véritable pluie de fer et de feu sur cet ouvrage qui dans les courts intervalles de silence continue tranquillement à utiliser ses mitrailleuses.

Cet enfer ne cesse que vers les 8 h. du soir.

Nuit calme à la cave.

Samedi 26 Août - Malbousquet parait s'être rendu.

Canonnade sur St Mandrier et Six-Fours qui résisteraient encore.

Calme absolu sur Toulon qui parait entièrement libéré

On nous apprend dans la journée que St Mandrier et Brégaillon résistent encore.
Vive canonnade sur ces derniers objectifs au cours de la journée et de la nuit .que nous passons enfin dans no lits ...

Nous avons vécu dans les abris du Parc et dans notre cave depuis le 13, sans pouvoir jamais reposer, nous déshabiller, ni nous changer, avec un ravitaillement qui n'a pu être assuré que grâce au jardin, mais dans des conditions difficiles et périlleuses.

Nous avons à peine touché une très maigre ration de pain (100 G) dans quinze jours... et rien d'autre !...

Tous les habitants du quartier s'étaient réfugies dans les carrières des collines plus lointaines, une dizaine de tués ont été néanmoins enregistrés parmi eux.

Ne semble-t-il pas miraculeux que placés ainsi, en plein coeur dans la tourmente, et, entre deux feux, nous ayons pu nous en tirer absolument indemnes, nos immeubles étant à peine éraflés ?...

 Ci-dessous une vue du bois derrière la villa qui laisse apparaître l’état de celui-ci après la bataille.
Cette photo permet d’imaginer le nombre d’obus et de balles qui l’on traversaient tout au long de ces journées durant lesquelles nous avons vécu dans la cave, Tous les arbres ont été touchés.


Nous ne cessons d'en remercier la Divine Providence !

Notre grande lassitude actuelle ne nous pèse nullement lorsque nous songeons aux mortels dangers qui nous guettaient à chaque minute dans ces quelques journées suc-cédant aux bombardements que nous avons subi depuis le 24 Novembre 1943.

Et quelle joie de nous sentir redevenus français !

Edouard MAUREL

 Rajouts divers.

 PS : Après la libération total du quartier, nous avons fait le tour de la propriété et nous avons trouvé de nombreuses armes dont des fusils de très nombreuses grenades des boites de bandes de balles pour les mitrailleuses.

Au sommet du bois nous avons même trouvé des petits obus qui semblaient se dé-visser à l’arrière.

Pas prudent du tout, avec mon frère Gérard, nous en avons pris un pour le dévisser et en apercevant un cordon qui sortait nous nous en sommes séparé immédiatement en le lançant au loin et il a explosé en retombant au sol.

Mon frère gérard a également trouvé à hauteur du portail de la petite MADELON mais dans la propriété voisine «La FAUVETTE» une mitrailleuse que les Allemands avaient laissée.

Il l’a récupéré mais Monsieur DAUMAS l’a prise pour la porter à la Mairie ou la Gen-darmerie.

En fait nous avons appris plus tard, qu’en remettant la mitrailleuse aux autorités Fran-çaise ce Monsieur DAUMAS s’était fait passer pour un résistant et avait reçu une mé-daille de la résistance alors qu’il avait passé toute la libération avec nous dans la cave.

Nous sommes également allés explorer les restes de l’Avion tombé en face de la Madelon nous y avons découvert une plaque de matière qui nous était inconnue c’était les premiers plastiques que nous voyions.

Nous avons également récupéré un morceau de la carlingue sur laquelle figurait la croix gammée.

Sur le mur mitoyen avec «La Fauvette» nous avons récupéré également, des grena-des à manche ainsi que la veste d’un soldat allemand qui avait du être tué.

Dans l’une des poches nous y avons découvert son portefeuille avec des photos de sa famille.

Notre mère n’a pas voulu que nous les conservions et nous avons du les enterrer

Nous avons reconnu dans ce soldat, celui la même qui nous avait aligné, quelques jours auparavant, contre le mur de la grande Madelon pour s’assurer que nous n’étions pas des «Résistants».

Je me souviens aussi que, bien avant le débarquement et la libération de Toulon, un ouvrier allemand qui disait avoir été réquisitionné par les autorités Allemande nous avait ravitaillé avec des sacs de farines qu’il prenait le risque de transporter depuis l’arsenal.

Dans ce même temps nous n’avions aucune nouvelle de notre sœur Micheline mais nous avions reçu par un intermédiaire anonyme un courrier nous précisant

 «Je vous fait parvenir ce mot, la personne qui me l’a confié était en parfaite santé avec un très bon moral.
Elle était dirigée sur l’Allemagne.
Recevez, Monsieur, mes salutations distinguées
 

Notre sœur, Micheline MAUREL, a été déporté en Allemagne.

Déportation au cours de laquelle elle est passée successivement par le Fort de Romainville, en France puis Ravensbruck et Neubrandenbourg d’ Août 1943 à Avril 1945
Ci-dessous sa photo datant de juin 1945 après son retour des camps en Avril 1945
Entre temps elle a été soignée par la Croix rouge Française qui l’a ramené à la maison après s’être assurée que nous étions encore en vie

Sur la photo elle porte un survétement avec son N° Matricule du camps  
Elle a écrit 3 livres sur cette époque :
«Un Camp très ordinaire»
«La vie normale»

et un recueil de poèmes dont la plupart écrit sur place.
«La Passion selon Ravensbruck»
Elle a également écrit 2 recueils de Contes pour enfants dont :
Contes d’agathe et Himlico.
 

Elle a aussi esquissé, sur place, de nombreux dessins comme celui çi dessous, qui représente la vie dans «Un Révier» (Infirmerie des camps de concentration)

"Et c'est l'enfer, ce temps sans ciel et sans Dimanches
Je ne vois alentour qu'un peuple de damnés
De squelettes hideux qui râlent sur les planches
Ou vers des seaux puants cherchent à se trainer"

Extrait de son poême "Du REVIER"

Dernière mise à jour Nos familles et la Guerre 1939/1945 le 06 Avril 2007

Publié dans charlesmaurel

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Bonjour,Je me suis permis de completer race à des éléments de votre site, la page de Micheline Maurel du livre d'or des Français libres.je ne suis pas le webmaster de ce site, mais je demanderai personnellement l'effacement de ces éléments si vous le juger utile (Copie)Bien cordialementLaurent
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